Chronique de Bonnie le chat: épisode 21
Publié le 19 Juin 2015
- Et bien et bien, ma chère Bonnie, puis-je connaître la raison de ton absence hier soir à notre réunion de mobilisation citoyenne sur la démocratie participative ?
- L'imagination au pouvoir étant l'un des thèmes de réflexion de la soirée, je suppose que tu connais la réponse...
- Je la subodore, mon amie, mais je n'ose y mettre un nom...
- Fais donc...
- Un petit goût amer de jalousie dans ta douce gueule ?
- Ni avant ni arrière goût...Un simple manque d'envie de te voir faire la roue devant l'autre peroxydée sur le retour...Un sens du ridicule que j'ai pour deux, manifestement.
- Hum...Voilà une formulation qui laisse à penser que tes relations avec Maryline ne se sont guère améliorées.
- Maryline...Je te jure...Rien que son nom permet d'entrevoir sa fabuleuse personnalité...tendue vers un seul objectif : paraître, paraître et encore paraître !
- Mais ne crois pas ça !
Elle a pris la parole à plusieurs reprises...
- ...devant un parterre de vieillards cacochymes
- ...contrairement au portrait d'asociale absolue que tu nous en avais fait, et je peux te dire qu'il y en a là dedans !
- Par exemple ?
- Elle a exhorté les présents assez admiratifs je l'avoue, à devenir acteurs de leur vie, à s'engager dans leur cité, à défendre pied à pied les acquis et à occuper les terrains menacés...
- C'est original...Et elle compte montrer l'exemple ?...Elle va s'engager davantage sur internet ?
- Mais pas du tout ! Elle a proposé des outils collaboratifs particulièrement intéressants et adaptés à chaque situation...
- Qu'un chat de gouttière du coin sera chargé de mettre en application, c'est ça ?
A elle le blabla, aux autres le boulot.
Elle réfléchit et ils collent les affiches
..Jimmy y était ?
- Oui...Enfin au début...Après il est parti
- Tiens, tiens, elle n'a pas réussi à le retenir dans les mailles de son filet, celui-là ?
- A vrai dire, c'est quand elle a parlé d'aller vers les autres, y compris ceux avec lesquels on a un peu de mal...et qu'elle a donné un exemple...
- Je t'écoute, et très attentivement.
Continue
- ... qu'elle a parlé de son cas personnel, qui l'obligeait à côtoyer quotidiennement une chatte, une chatte, enfin...très différente de son milieu éducatif et de son fonctionnement personnel...
- Les mots, je veux les mots exacts
- Je crois, de mémoire, mais je peux me tromper...
- Je te les sors à coups de griffe ?
- Et bien justement, elle a parlé d'une chatte caractérielle et hystérique !
- Hystérique, moi !
Je m'étrangle ! Moi qui suis un modèle de sérénité et d'équilibre
...Je vais lui faire ravaler ses mots, fais-moi confiance, à l'enrobée!
- A ce propos, elle semble avoir à faire sur ton physique à peu près les mêmes remarques que toi sur le sien...
- ????
- Elle t'appelle Bonnie la dodue...
- Alors là, la guerre est déclarée.
J'aurais tout accepter, et je dis bien tout, mais ces attaques mesquines sur le physique sont tout simplement insupportables
- ...Mais toi-même...
- Tais-toi, Clyde, n'en rajoute pas...Que me disais-tu à propos de Jimmy ?
- Il en a fait des tonnes dans son rôle de chevalier servant, un rôle que personne ne lui a demandé de tenir, rassure-moi...Bref, il est parti non sans avoir affublé Maryline de quelques noms d'oiseaux, ce qui a choqué bon nombre de participants...
- Genre ?
- Il a osé la traiter de militante d'opérette, de vieille doublure et il lui a demandé d'aller se recoiffer et de changer de teinture...Tu vois le niveau.
- Je vois...et j'apprécie.
J'y pense...Et toi, mon charmant Clyde, comment as-tu répondu à ses sournoises attaques qui concernaient ton amie de plusieurs années, toi qui était un soupirant à toute épreuve avant l'arrivée de la mégère.
- C'est que...la situation était délicate...
Oh et puis zut, pourquoi faudrait-il toujours choisir un camp !
- On se demande en effet...
Tu as raison de réserver ce type de choix à la politique.
Mais excuse-moi, j'aperçois Jimmy....Je m'en vais lui proposer un petit pique-nique au bord du canal avec les restes d'hier de nos amis les Humains.
- Tu m'abandonnes ?
- Tu as une roue de secours, non ?
- Le coup est rude.
Prévisible, mais rude.