belleville-la-kour: épisode 16

Publié le 25 Avril 2013

 

31 décembre- 23h00- Terre Sainte



Natacha Atlas - Mon Amie La Rose par GREG1205

 

 

 

 

100_0574.JPGPhoto: Anna Roudot

 

Allez, allez ! On presse le mouvement ! Il est presque minuit et on en est encore aux préparatifs du réveillon ! ...Les jeunes, vous aurez tout le temps de vous refaire une beauté après le repas...Le kabar vous attendra...

- Anastasie a raison. C'est qu'on n' a pas l'habitude de manger si tard, nous ! Et puis moi j'ai hâte de goûter à ce cocktail maison. J'espère qu'il est bon, parce que Jacques et moi, on a fait ce qu'on a pu, avec les moyens du bord...

- C'est vrai qu'il n'était pas question de trouver du champagne en ces temps de disette...

- On voit bien que vous n'avez pas connu la vraie, de disette, parce que vu le menu affiché, on risque pas de mourir de faim...

- On a fait local et imaginatif. J'espère que tu apprécieras, Maëlle, sinon il ne faudra t'en prendre qu'à toi- même, tu pourras juste regretter d'avoir si peu participé à la préparation....

- Oula ! C'est une pointe, Jacques ? Ou plutôt une flèche !

- Prends-le comme tu voudras, mais c'est vrai qu'on ne te voit pas beaucoup aux fourneaux...

- Je sais pas si tu as remarqué, mais à chaque fois qu'on propose des volontaires, y'a au moins douze personnes qui lèvent la main...Je vais pas me battre. C'est marrant, ça, de manière générale, si un boulot ne s'accompagne pas de plaintes ou de larmes, ça va pas. Faut absolument se poser en victime et culpabiliser l'autre...D'habitude, c'est plutôt le syndrome de la femme délaissée, mais tu te débrouilles pas mal non plus...

- Ah, le couplet rituel, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, les bons et les méchants, le monde de Maëlle, bien manichéen...ça passe ou ça casse !

- Un peu caricatural, tout de même, mais il vaut le tien, le ni-ni, on verra...

- On verra ! On verra ? Mais on verra quoi ? On verra qui ? Tu vois quelque chose, toi, depuis qu'on est arrivé ?

- Ne dévie pas de la conversation, Jacques !

- Au contraire ! Tu aimes les situations claires ? Alors je vais te dire clairement ce que j'ai dans la tête.

Notre relation ne souffrait pas l'ambiguïté. Elle était le début, le commencement d'une histoire que tu as au moins encouragée, sinon initiée...Elle était la promesse d'un soir brut et fragile où tout a basculé. Pour moi, Maëlle, au moins pour moi.

Je me suis mis à poil et tu n'as pas dit non. Tes yeux non plus. Je me suis embarqué dans une drôle d'aventure. Celle d'un renouveau, et même d'une renaissance. Ma tête a tout plaqué pour rejoindre la tienne.

J'ai broyé mes démons. J'ai défoncé les murs de ma prison et j'ai agrippé la fleur que tu me tendais. Je ne l'ai plus lâchée, Maëlle et elle m'a fait voir la vie avec les couleurs d'un arc-en-ciel qui avait la douceur de tes promesses.

J'ai vu Tom autrement, Belleville différemment, et ce voyage comme un pont jeté entre deux vies...

Regarde- moi...Regarde-moi ! Je n'ai pas croisé ton regard depuis notre arrivée. Il est là, bien vivant, mais pas pour moi. Je le surprends toujours derrière ou à côté, pour eux pour lui...mais pas une fois, pas une petite fois il n'a croisé le mien.

Tu aurais dû, Maëlle, ne serait-ce qu'un instant, et tu y aurais lu une détresse folle, un pourquoi insondable...Le malheur, là, à portée de toi...

Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je dit ? Que t'est-il arrivé que tu ne puisses effleurer ma tristesse, Maëlle...

- Jacques, je t'en prie...Pas ici ! Pas ce soir !...Je suis fatiguée, je vais me coucher !

 

 

 

- Maëlle ? C'est Ferdinand...Ouvrez-moi je vous prie...Non, promis, juste une seconde...

- Tenez, prenez ce mouchoir, un vrai, un vieux usé jusqu'à la corde d'avoir si souvent servi...

Rien n'est définitif, Maëlle et rien n'est impossible. Aucune barrière n'est infranchissable, surtout pas celles qu'on s'est construites pour se défendre d'avoir mal.

Rien n'empêchera la souffrance de venir frapper à votre vie. Alors, ouvrez une fenêtre dans votre cœur bétonné. Risquez encore une fois un possible printemps.

Je ne vous parle pas d'un bonheur assuré, j'évoque juste ce soir un éventuel possible, un tout juste peut-être, un pourquoi pas si prometteurs.

Et croyez-moi, celui-ci le mérite. Il a les habits de la sincérité et la beauté de l'abandon...

- Oh !...Ferdinand...

Rédigé par belleville-sur-cour

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