Belleville-la-kour: épisode 3

Publié le 24 Janvier 2013

 

20 décembre- 5h30 à Terre- Sainte

 

Maëlle assise sur les marches devant la maison, sa tasse de café à la main...


 

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Photo: Anna Roudot

 

 

 

 

 

 

Le coup de foudre, vous connaissez ?

Celui qui pince pire qu'un vent d'Est en hiver quand on a peur que l'autre nous échappe, quand on a la trouille qu'un alter dix fois moins bien que nous remporte quand- même la mise, quand l'envie absolue nous fout à califourchon sur les bonnes paroles à trouver, les bons gestes à essayer... et qu'on finit toujours par tomber, quand le tourment d'en avoir trop dit, de l'avoir pas fait nous vrille le cerveau...Vous voyez ?...

...Ben, c'est moi en ce moment.

Depuis que je suis arrivée, je dors plus. Non, c'est depuis que je suis là...Là, vous comprenez ? Là, plus loin que m'a jamais porté mon imagination, un là venu d'avant, un qui sait, qui te tape doucement sur l'épaule et qui te chuchote :  C'est ici !

Ce n'est pas que j'aime cet endroit, c'est que c'est lui, tout simplement. C'est ma rencontre.

Bien sûr, c'est moi qui ai fait le premier pas, mais il m'y m'attendait, je le sais, je l'ai senti.

Je pourrais vous décrire longuement cet endroit, cette bicoque nichée au milieu de la medina des pêcheurs de Terre- Sainte, les quelques marches ardues qui ouvrent le chemin et en donnent l'esprit, le flamboyant qui vous accueille de son rouge ardent, les deux pieds de mangue, l'un plus noble que l'autre pour ses fruits savoureux, l'autre plus ombrageux, plus protecteur, comme un phare terrien, la terrasse en surplomb, la houle qu'on entend, la nuit, qui s'impose au sommeil...et la maison, ouverte et biscornue, aux murs épais et recouverts de chaux, l'escalier de bois qui ouvre sur les toits, avec en bout de course, cette trouée de ciel, de soleil aveuglant et de mer jamais calme...

J'aime cet ici, un ici fugitif qui ne m'appartient pas, un moment dans ma vie. Il est déjà trop court et j'envie le prochain qui le découvrira et qui peut-être aura la permission de pouvoir prolonger le pouvoir magique de ces odeurs de fruits, de fleurs ou d'une cuisine secrète, qui a le temps pour elle, cette bouffée de calme donnée par des personnes qui ont beaucoup vécu, très longtemps travaillé et qui goûtent aujourd'hui un repos souriant et savent le transmettre.

lls sont là, assis sur le muret devant la plage, discutant tranquillement, soulignant l'évidence.

J'aime cette nature, sa palette de couleurs riches et puissantes, celles que l'on croise au cours d'une balade ou sur les étals des commerçants du coin, j'aime ses ciels d'artiste au rose exubérant très tôt le matin, à l'orange sanguin quand approche le soir...

J'aime ces vendeurs tout simples, nés ici et restés là pour ce qu'ils font, pour ce qu'ils sont sans doute, sans fioriture, sans baratin ni grosse ficelle., avec juste les gestes qu'il nous faut...

J'aime l'éveil discret de ce quartier qui accompagne mes matins, tous ces bruits quotidiens qui donnent le tempo à la chanson de mes journées, toutes ces voix modulées, toux ces mots à fleur de peau, ces mots imagés et qui touchent si juste.

C'est moi, j'en ai conscience.

Ça n'est que moi. Vous pourrez vous y promener et le trouver à part ou pittoresque ou simplement charmant. Vous ne vous y verrez pas : trop ou bien pas assez, peu pratique ou bien mal adapté...

A quoi ?... A qui ?... A vous ?...

Pas à moi.

Vous l'ai-je déjà dit : j'aime cet endroit. C'est là.

J'ai trouvé mon airbag.

Rédigé par belleville-sur-cour

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S
Bel endroit. On voudrait que cette petite pause sur les marches dure toute une vie.
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B
<br /> <br /> Merci Samuel<br /> <br /> <br /> <br />
S
René Lacaille... bon sang c'est fou comme ça fait du bien... il était passé au CCF à Bamako y a quelques années. Sa musique est toujours aussi fruitée.
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B
<br /> <br /> C'est exactement ça...et quelle sincérité!<br /> <br /> <br /> Merci Samuel<br /> <br /> <br /> <br />