belleville-la-kour: épisode 8

Publié le 28 Février 2013

Le lendemain- 9 heures- Café du matin...Chagrin


 

 

 

 

 

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« - Tu devais pas partir en plongée Maëlle ?

- Pas envie aujourd'hui...et pas le temps. Je vais plutôt me rapprocher de Bateau Sud Ecole. Quelque chose me dit que je vais avoir le temps de passer mon permis bateau ici...Mais plus tard, je vais d'abord aller au rassemblement prévu pour 10 heures à Ravine Blanche. Jeanne Nadia et Tom viennent avec moi...
- Moi aussi !
- Ah non, Ferdinand, c'est trop loin à pied !
- Je trouverai une personne compatissante qui s'arrêtera pour me prendre en voiture, Tasie
- Alors, mets ta casquette, avec ce soleil...Vous devriez essayer de parler un peu avec Claire, les uns et les autres, elle ne va pas bien. Et ne lève pas les yeux au ciel, Guillaume. Ta mère mérite toute ton attention !
- On veut bien, Tasie, mais encore faudrait-il qu'elle se joigne à nous...
- Elle est déjà sortie. Elle est à l'agence de voyage pour essayer d'avoir un billet retour
- Mais bon sang, elle est têtue ! Puisque les aéroports sont fermés !
- Elle a entendu dire qu'on pouvait encore rejoindre Maurice par bateau et de là, prendre un avion pour la métropole...
- Si elle a du temps et du pognon à perdre...Punaise, elle a bien fait de pas connaître la guerre, elle, quand on voit comme elle flippe pour un truc pareil !
- D'un autre côté, Maëlle, il faut bien avouer que les perspectives sont un peu inquiétantes : pas de sortie possible à court terme et une situation sociale qui se tend.
- J'ai pas l'impression que ça va être plus gai en métropole, Irène. Perso, je trouve que ça prend une tournure intéressante...et du moment que les filles ont le moral, ça roule!
- Tu pourrais songer à celui de ton vieux père, Tom, un peu en berne ces jours-ci...
- Ah bon, toi aussi tu flippes ?
- Non, pas vraiment, c'est autre chose...
- ...Bref, en parlant de père, il est où le tien, Irène ?
- Je ne sais pas, Maëlle. Au moment de rentrer hier soir, je l'ai vu se prendre le bec avec Fred. Mais j'ai mis ça sur le dos de la tension ambiante...D'ailleurs Fred n'est pas là non plus.
- Ils ont sans doute fini la nuit ensemble pour essayer les boites locales ?
- Tu parles ! Ils ne peuvent pas se supporter ces deux-là
- C'est peut-être leur ami commun qui va les réconcilier !...
- Quel ami commun, Guillaume ?
- Je sais pas, un gars du coin qui a abordé Rico hier soir. Il avait l'air de le connaître. Mais quand j'y réfléchis, j'appellerais pas ça un ami. Il était loin d'être enchanté, le Rico...
- Et Fred là-dedans ?
- Ben, c'est quand l'autre a commencé à discuter avec ton père qu'il s'est approché. Du coup, ils ont été présentés et Fred est resté là...Ouais, tu vois je repense à la scène et je me dis maintenant que ça n'avait pas l'air de plaire à Rico que Fred leur colle aux basques. Il était dans ses petits souliers et je crois bien que c'est comme ça que ça a commencé...Il a essayé d'envoyer bouler le Fred qu'a même pas fait semblant de vouloir lâcher l'affaire
- Tiens, revoilà ta mère !
- ON EST FICHUS...ON EST COINCES !!!
- Calme-toi, on le savait, Claire...
- Mais vous ne comprenez rien ? Vous avez regardé les infos ?
- Heu non, on ne vit pas l'oeil rivé sur le petit écran...
- Eh bien vous devriez ! Ils veulent l'indépendance !
- Qui ça, «  ils »...et alors ?
- TOUS ! Il y a un mouvement majoritaire ! Ils bloquent tout ce matin : les administrations, la préfecture, les mairies, le conseil général, le conseil régional... en plus du port et des aéroports...Ils ont dit qu'ils voulaient l'autonomie, au stade où ils en étaient, qu'ils ne voulaient plus rien à voir avec la France !
- Mais qui ça «  ils », bon sang !
- Je sais pas, le journaliste a raconté qu'il y avait des manifs organisées partout avec des débats, des trucs de démocratie directe, ils appellent ça...
- Ouais, rien d'inquiétant jusqu'alors...C'est à ce genre d'assemblée qu'on va participer tout à l'heure...C'est un processus plutôt sain de mon point de vue...
- Mais t'es complètement inconsciente ma pauvre Maëlle...ça va DEGENERER...Le journaliste l'a bien dit !
- Mais non ! Et de toute façon, il faut aller y voir de plus près
- Ouais, t'as raison, allons-y !
- Guillaume, tu n'y vas pas, je T'INTERDIS !!! Maëlle, je te tiens pour personnellement responsable !
- Des clous ! Responsable de quoi ? De ta peur ? De cette terreur qui te calcifie le cerveau et t'empêche de réfléchir ? De tes rapports foireux avec ton fils ? Hein, de quoi ?
- Oh la, tout doux...Restons zen...Je vous proposerais bien quelques mouvements de relaxation...
- Toujours ta fameuse psychologie qui te fait proposer les meilleures choses au pire moment, hein Charles !
- C'est une référence à un passé commun, ma chérie ?...

Rédigé par belleville-sur-cour

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